Vous trouverez ici un extrait de la fiche de lecture illustrée du roman Petit Pays, écrit par Gaël Faye et publié en 2016.
Il sera possible d’y lire la présentation du personnage principal (Gabriel), ainsi qu’un résumé du prologue et des deux premiers chapitres.
Fiche de lecture illustrée – « Petit Pays », de Gaël Faye (extraits)
Gabriel, le personnage principal du roman
C’est le narrateur du roman. Gabriel est un garçon assez timide (chap. 11). Dès le prologue, il est décrit comme « un vrai Tutsi », car « on ne sait jamais ce (qu’il) pense ». On le surnomme « Gaby ».
Il vit une enfance assez confortable au Burundi, dans une grande demeure avec jardin, animaux domestiques, employés de maison… Dans l’impasse où il vit se trouvent ses quatre amis inséparables : les jumeaux, Gino et Armand. Il fait partie des « enfants privilégiés du centre-ville et des quartiers résidentiels » (chap. 17) mais à l’époque, il n’en a pas vraiment conscience.
Enfant métis, d’un père français et d’une mère rwandaise, il ne sait pas parler le kinyarwanda, la langue de sa mère, mais ne se considère pas français pour autant. Il semble être l’inverse de son ami Gino, qui « savait exactement qui il était » et tient à son identité rwandaise (chap. 11). À l’inverse, Gabriel se sent bien au Burundi et voudrait que les choses restent telles qu’elles sont ; il ne partage pas ce rêve du retour au Rwanda, que nourrit la famille de sa mère ainsi que Gino.
La situation s’assombrit à la séparation des parents, en fin d’année 1992. Il est anxieux face aux tensions qui entourent les élections présidentielles de juin 1993 et l’élection de Melchior Ndadaye. La situation s’apaise ensuite entre ses parents, et plus généralement dans le pays ; Gabriel fête ses 11 ans dans la joie (chap. 14).
À l’entrée du collège (chap. 15), il ne fait pas partie des gens populaires car il ne porte pas des habits de marque et n’est pas particulièrement drôle. De fait, il constate amèrement : « personne ne nous calcule, les filles s’en foutent bien de nous » (chap. 15).
La guerre civile éclate et atteint Bujumbura en 1994. Gabriel veut rester neutre et s’évade dans la lecture, inspiré par une voisine, Mme Economopoulos (chap. 28). Il passe ses journées à lire dans son lit. Au chapitre 29, son ami Gino vient le chercher. Il le conduit au terrain vague puis rejoint, avec Armand et Francis, la bande de la milice tutsie appelée « Sans-Défaite », avec à sa tête Innocent. Là, on lui montre le meurtrier présumé du père d’Armand. L’homme, un Hutu, a été mis dans une voiture arrosée d’essence. Sous la pression de Clapton, un des soldats de la milice, et d’Innocent, Gabriel lance le briquet Zippo de Jacques dans le véhicule, qui s’enflamme. Gabriel provoque donc la mort de cet homme.
Plus tard, Gabriel quitte le pays de son enfance, le Burundi, dans un avion de rapatriement affrété par la France. Il arrive en Île-de-France avec sa sœur et est accueilli dans une famille d’accueil. Il laisse derrière lui son père Michel, resté à Bujumbura, et sa mère Yvonne, qui a disparu.
Prologue
Ce prologue est divisé en deux parties : d’abord, c’est le jeune Gabriel qui parle. Il raconte comment son père lui a parlé des Hutu et des Tutsi, et exposé leurs différences. Gabriel n’était pas convaincu par cet exposé. Il pouvait toutefois sentir, autour de lui, que la situation devenait tendue ; à l’école, les enfants commençaient à se traiter de Hutu ou de Tutsi. « Le fond de l’air avait changé ».
Dans la deuxième partie, c’est Gabriel adulte qui parle. Il vit en banlieue parisienne : il a son appartement, son travail, ses amis et ses loisirs. Son intégration n’a pourtant pas été facile. Au-delà de ses problèmes d’identité, il ressent une profonde tristesse en lui, alors qu’il fête tout juste ses 33 ans. Il est mélancolique, comme à chaque fois lors de son anniversaire, et repense à son père, sa mère, ses copains…
On apprend qu’il a reçu un coup de téléphone le matin même. Cet appel serait « un signe du destin ». Il veut en parler à sa sœur. On comprend que Gabriel a l’intention de retourner dans le pays de son enfance : « Je dois y retourner. Ne serait-ce que pour en avoir le cœur net. Solder une bonne fois pour toutes cette histoire qui me hante. Refermer la porte derrière moi, pour toujours. »
Chapitre 1
Gabriel adulte écrit. Il évoque ses parents : son père, un Français du Jura, s’est marié avec une superbe femme à la peau noire. Hélas, tous deux étaient assez jeunes, immatures et inconscients des difficultés liées à la vie en couple (qu’elles soient matérielles ou relationnelles). Le couple finira par se séparer.
Le narrateur évoque aussi « le temps du bonheur », celui de l’enfance, de l’insouciance, avant que n’éclatent les troubles. À cause de la guerre, c’est le peuple tout entier qui a perdu sa joie d’antan : « Ça va un peu » disent-ils à présent, au lieu de l’enthousiaste « Ça va ! » d’avant.
Chapitre 2
Gabriel évoque un souvenir d’enfance qui incarne « le début de la fin du bonheur » : petit, il rend visite avec sa famille au vieux Jacques, qui habitait au Zaïre (ancien nom de la République démocratique du Congo). À cette époque, le pays est en crise et souffre d’une forte inflation (hausse des prix). Après avoir traversé la frontière, payé un pot-de-vin et traversé des rues très animées, la famille arrive enfin à Bukavu, un endroit magnifique sur les rives du lac Kivu.
La famille est attablée avec Jacques. Yvonne regarde le Rwanda et repense avec tristesse à son exil en 1963, alors qu’elle était encore enfant : accompagnée de sa famille, elle dut alors fuir les massacres contre les Tutsi.
Au cours du repas, Jacques propose à Michel de venir s’installer à Bujumbura, là où il habite. C’est un non catégorique pour Jacques, qui n’aime pas les Burundais. Yvonne rebondit sur ces propos : « Moi aussi je n’en peux plus de ce pays ». Cette remarque agace son mari : il sait qu’elle veut aller vivre à Paris. Yvonne se justifie : on l’a toujours traitée comme réfugiée au Burundi et elle ne se sent pas en sécurité. Michel lui demande d’arrêter avec ses « inquiétudes » et « délires de persécution ». D’après lui, elle n’aurait rien à craindre car elle a le passeport français et qu’elle vit dans une villa. Yvonne balaie ces arguments. La conversation dégénère, lorsque Michel affirme à sa femme : « Beaucoup d’Africaines rêveraient d’être à ta place ». Elle rétorque calmement : « ne t’essaye pas au racisme, toi l’ancien hippie baba-cool, ça ne te va pas du tout. Laisse ça à Jacques et aux autres vrais colons », puis jette sa serviette au visage de son mari et s’en va.
Suite de la fiche de lecture (65 p. + 40 images) :
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