Français : Fiche de lecture illustrée – « Cannibale », de Didier Daeninckx

Français : Fiche de lecture illustrée – « Cannibale », de Didier Daeninckx

Vous trouverez ici un extrait de la fiche de lecture illustrée du roman ‘Cannibale‘, écrit par Didier Daeninckx et publié en 1998 ; voici une biographie de l’auteur et un résumé de son œuvre.

Fiche de lecture illustrée du roman « Cannibale », de Didier Daeninckx (extraits)

Biographie de Didier Daeninckx

Didier Daeninckx est né en 1949 à Saint-Denis (Île-de-France). Il grandit dans une famille d’ouvriers militants : dans sa famille, on compte des communistes, des déserteurs, des engagés contre le colonialisme et le fascisme.

Même s’il est bon élève, Didier Daeninckx quitte l’école à 16 ans et demi, préférant la pratique plutôt que le théorique. Il fait des formations et rejoint des organisations de jeunesse, liées au Parti communiste (qui avait une grande influence à l’époque). Il se distanciera plus tard de ce parti, sans en renier certaines des bonnes choses qu’il a su apporter (formation historique et curiosité intellectuelle).

De 1966 à 1975, il travaille comme ouvrier imprimeur dans diverses entreprises. Il devient par la suite animateur culturel puis journaliste dans plusieurs publications municipales et départementales.

Lorsqu’il envoie son premier manuscrit à dix éditeurs, il essuie neuf refus. Néanmoins, son talent est plus tard reconnu.

En 1983, il écrit Meurtres pour mémoire. Par la suite, il écrira plus de 25 autres ouvrages, comme La mort n’oublie personne, Zapping ou encore Cannibale. Au total, il est l’auteur de plus de 80 récits, et a été récompensé par de nombreux prix littéraires. Il a aussi rédigé des pièces de théâtre et des scenarii pour la télévision et le cinéma.

« Donneur d’alerte » : Un écrivain investi et insoumis

Comme il l’explique dans un entretien lors de l’université d’automne 2009 de Fenêtres sur cours, le fait d’écrire est pour Didier Daeninckx « une manière d’interroger le passage sur la planète des gens de peu ». Au Monde, il dira : « J’écris sur ce qui me pose problème, sur les choses que je ne parviens pas à comprendre. Le moteur de mes fictions est la colère, l’injustice toujours endémique, toujours recommencée. » Il ajoute : « J’écris contre l’oubli, pour les exclus, contre toutes les ignominies, contre l’insécurité sociale, pour faire bouger la loi. Insensible à toute vénération, mû par un devoir d’irrespect. L’écriture est de l’ordre de la subversion. »

Il s’inscrit donc dans la droite ligne des écrivains courageux qui « ont su mettre les pieds dans le plat », comme Jean Meckert (1910-1995) ou encore Georges Simenon (1903-1989). Il reprochait les auteurs de son temps de manquer de « réel », et de ne pas aborder les sujets politiques brûlants (« guerre du Vietnam, événements de Prague d’août 1968, Cuba, le Che »). C’était comme « une fuite, une pudeur ou un refus ».

Tous, sauf l’écrivain et militant Jean-Patrick Manchette (1942-1995), qui écrira des romans noirs engagés. Sa démarche, qui « brise les conventions », suscita l’admiration de Didier Daeninckx. C’est une « écriture de la révolte » qui contraste avec le milieu bourgeois de la littérature.

Didier Daeninckx choisit donc d’écrire sur ce qui ne va pas. Ses écrits illustrent son investissement de longue date, tant social que politique, au travers des thèmes abordés :

C’est un adepte du roman policier et du roman noir (c’est-à-dire un roman policier inscrit dans une réalité sociale précise, porteur d’un discours critique, voire contestataire). Il apprécie particulièrement le roman noir américain qui avait le souci des « petites gens », des personnes à qui on ne donne pas beaucoup d’importance.

Didier Daeninckx va lui-même écrire des romans noirs, en leur donnant parfois une résonnance spéciale : il met parfois en scène des anonymes confrontés aux événements les plus sombres de l’histoire de l’humanité. On le constate dans ses différentes œuvres :

Résistants dénoncés par les « collabos » (La mort n’oublie personne, 1963), ou encore l’histoire du résistant arménien Missak Manouchian, fusillé par les nazis (Missak, l’enfant de l’affiche rouge, bande dessinée, 2009)

Crimes de l’ancien préfet de Paris, Maurice Papon : Drancy, répression du métro Charonne (une amie de sa mère est décédée lors de cette charge des policiers) et massacres en Algérie (Meurtres pour mémoire, 1983)

Expulsion des Maliens par avion charter (Lumière noire, 1987)

Dérapages de la télévision (Zapping, 1992)

Les Kanaks exposés comme des animaux en cage lors de l’Exposition coloniale de 1931 (Cannibale, 1998)

Résumé de Cannibale

L’action du roman se déroule dans les années 80, en Nouvelle-Calédonie.

Le héros s’appelle Gocéné. Il a 75 ans et, alors qu’il se trouve en voiture avec son ami Caroz, il tombe sur deux jeunes rebelles qui ont bloqué la route, au moment où ont lieu des troubles sur l’île. Il va raconter son histoire à ces deux hommes.

Il leur parle de cette année 1931, où un groupe d’environ 100 Kanaks a été envoyé à Paris (France métropolitaine). On ne leur avait pas dit, mais ils allaient être exposés au Zoo de Vincennes devant les Parisiens et banlieusards, à l’occasion de l’Exposition Coloniale internationale. Là, ils vont être exhibés aux gens comme des animaux.

Un événement survient alors : une trentaine de crocodiles du parc meurent soudainement, sans doute empoisonnés. Le haut-commissaire de l’exposition décide alors d’échanger 30 Kanaks contre 30 crocodiles venant d’Allemagne.

Or, Minoé, une jeune kanake qui devait se marier avec Gocéné, est séparée du groupe pour partir avec ces 30 autres Kanaks. On leur dit qu’ils vont visiter Paris, mais en réalité ils seront envoyés en Allemagne pour être exposés au zoo.

Gocéné n’est pas choisi pour partir avec elle. Dans la nuit, il va s’enfuir pour retrouver sa bien-aimée, accompagné de son fidèle ami Badimoin. Ils s’en vont en direction de Paris.

Les deux amis se rendent dans une auberge, puis à l’Armée du Salut où Gocéné trouvera un tissu appartenant à Minoé. Il retournera au zoo pour interroger le gardien et apprendra qu’ils sont en partance pour l’Allemagne. Il se rend avec Badimoin à la gare de l’Est, essaye d’attraper le train mais le rate de justesse. Ils sont alors poursuivis par les forces de l’ordre et se réfugient alors dans un couloir du métro. Là, ils rencontrent Fofana, un Sénégalais ancien soldat qui travaille comme balayeurs. Il va les cacher dans son local.

Plus tard, Fofana les aide à retrouver le chemin du zoo : Gocéné veut interroger les responsables de l’Exposition, afin de savoir où son exactement ses amis. Ils arrivent à les coincer, mais le haut-commissaire fait croire qu’il va appeler les chemins de fer pour ramener les Kanaks mais en réalité, il appelle la sécurité. Gocéné et Badimoin tentent alors de s’enfuir mais la police est sur leurs talons. Alors qu’ils tentent de s’échapper, un policier tire avec son arme à feu et atteint Badimoin, qui s’effondre et meurt sur place. Gocéné échappe de justesse à un potentiel tir : un homme du nom de Francis Caroz s’est interposé en interpellant le policier. Il a observé la scène et accuse le policier d’avoir tué intentionnellement un innocent.

Même s’il dit vrai, il sera arrêté tout comme Gocéné. Gocéné sera emprisonné pendant 15 mois. Il rentrera alors en Calédonie pour retrouver les autres Kanaks, et notamment sa promise Minoé qui se mariera finalement avec lui (on apprend à la fin du livre qu’ils sont ensemble). Caroz, qui avait accusé le policier, se rendra finalement en Nouvelle-Calédonie après la mort de sa femme, pour rendre visite à son ami Gocéné. Finalement, il restera sur l’île en compagnie de Gocéné et ne retournera pas en métropole.


Vous pouvez retrouver la suite de la fiche de lecture en version PDF (ci-dessous) ou en version papier (sur le site d’Amazon)

Dans cette fiche de lecture d’environ 45 pages (11 500 mots), vous trouverez :

  • une présentation de l’œuvre (origines, événements réels dont il est question)
  • des repères géographiques et historiques sur la Nouvelle-Calédonie (territoire dont il est question dans le roman).
  • une description des personnages principaux et secondaires (13 personnages)
  • un résumé détaillé du roman
  • une explication des aspects littéraires de l’œuvre
  • un exposé du contexte (la question coloniale, le traitement des Kanaks et des peuples colonisés, la vie des immigrés en France, le racisme, la France d’outre-mer)

Cette fiche de lecture est idéale pour bien comprendre ce roman, notamment dans le cadre d’un contrôle de lecture ou d’un oral du baccalauréat.

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